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30-04-2008

Lydia Places1

« Si j’ai mal parlé, montre en quoi ;
si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »
(Jn. 18:23)

Mardi Saint 2008, par courrier RAR, j’ai reçu le décret d’excommunication suivant :

« En raison de ses agissements et de ses déclarations publiques fausses et calomnieuses qui portent un préjudice grave à la bonne vie de la paroisse et à la tranquillité des Saintes Eglises de Dieu (...), il est interdit à Mme Lydie Places de s’approcher du calice eucharistique tant qu’elle n’aura pas fait complète pénitence auprès de Mgr l‘archevêque Gabriel (...) en vertu des canons (...). Aucun autre évêque ne pourra relever cette interdiction » (décret 11-08 du 15 avril 2008).

Il est dit dans la lettre d’accompagnement : « Au lieu de suivre les recommandations de votre évêque, vous avez publié un long article en traduction russe dans un hebdomadaire parisien et dans son original français sur un forum Internet. Dans ce texte, vous véhiculez un grand nombre d’affirmations mensongères et calomnieuses à l’égard de ma personne et du recteur de Nice ainsi que des contrevérités concernant la situation paroissiale (...) dont vous n'êtes membre qu'au titre de votre cotisation annuelle puisque vous ne participez jamais aux offices liturgiques depuis deux ans. »

Mardi Radieux, 28.04.08, j’ai adressé cette lettre à Mgr Gabriel : « Votre Éminence, vous m’avez condamnée sans même m’avoir entendue ni interrogée. Je vous demande donc humblement d’accepter de m’écouter et de vouloir bien me dire quels sont « les agissements, déclarations publiques fausses et calomnieuses » qui justifiaient à vos yeux la brutale mesure d’excommunication que vous avez prise à mon égard.

L'article publié dans la Pensée Russe a été communiqué à ce journal bien avant votre lettre du 28 mars et n’a donc pu en tenir compte. Et dans ce courrier-là, précisément, vous me demandiez de ne plus vous importuner, surtout en carême. Le texte original en français a été rédigé tout début février 2008 puis amendé lors de la visite du Primat des H.F. [l'Eglise russe hors-frontiers]. Il était alors en cours de traduction ici à Nice. De même je précise ne plus écrire sur le Forum depuis mon message 4311, en date du 11 février 2008.

Cet article fait référence à des faits qui sont réels et avérés par des écrits et des témoignages indiscutables. Au cas où il s’y trouverait des erreurs, un de vos collaborateurs, sur votre instruction, pourrait-il m’indiquer en quoi il s’agit d’affirmations mensongères et quelles sont les contrevérités. Je serai alors la première à présenter mes excuses et à m'en repentir avant de devenir votre porte-parole auprès de ceux qui, ayant lu les documents incriminés et parfois vécu les faits qui y sont consignés, sont, jusqu’à nouvel ordre, convaincus.

Je voudrais m’adresser non seulement au procureur mais surtout au pasteur « doux et humble de cœur » (...) que nom appelons tous de nos vœux. (...) Nous souffrons d’une situation locale particulièrement tragique à nos yeux. Cette situation a été parfaitement bien traduite dam les courriers qui vous ont été adressés, signés par plus de la moitié des paroissiens de l’époque (...) Nous avons, à plusieurs reprises, lancé des appels au secours auprès de vous et du patriarche Bartholomée. (...) Ainsi notre désespoir (...) n’a pas été entendu. Aucun écho ne nous a été renvoyé. Personne n’a souhaité entendre nos difficultés. Tous ont fermé les yeux et les oreilles pour nous écraser sans appel. (...)

Vouloir étouffer ce qui est notre vérité, sans écoute, ni compréhension, ni peut être pardon, est-ce vraiment là l’enseignement du Seigneur auquel vous vous référez dans votre lettre ? Vouloir ignorer cette communauté vieillissante qui a porté cette cathédrale avec ferveur et humilité pendant des décennies, est-ce vraiment là l’amour du prochain comme le Seigneur Lui-même nous l'a enseigné ? Et parce que devant tant d’incompréhension, de larmes et de souffrances j'ai parlé de cette situation, me voilà excommuniée ?

Vous me conseillez aussi de retrouver au fond de mon âme une étincelle de repentir. Il n’a jamais été question pour moi de vous offenser de quelque manière que ce soit, ni de porter un quelconque préjudice à la vie de notre paroisse ou de l'Église : Dieu et les hommes sont témoins de mon total dévouement porté et à vous et à elles.

Je m’honore en outre d'appartenir à cette émigration blanche qui a été nourrie par ces valeurs spirituelles et morales arrachées à la terre russe et emportées avec elle. Valeurs dont tous nos Pères en exil étaient porteurs et avec lesquelles, abondamment, ils ont nourri nos âmes (...). »

A cette lettre l’archevêque Gabriel m’a répondu le 15 mai : « (...) Je pense que ma lettre du 15 avril a été très claire. Vous savez bien ce qu'il vous faut faire. »

Voici donc un récapitulatif des faits afin chacun puisse être informé des pièces de ce dossier.

Depuis 2003, la vie de la paroisse de Nice est perturbée ; depuis 2006, elle est aggravée par un litige - porté devant les tribunaux civils - entre le recteur et la Russie. Ce litige a des très graves répercussions à cause des campagnes d’agitation menées par l’ACOR qui veut ainsi se positionner devant les tribunaux. Ce litige porte sur la propriété de la cathédrale, contenant et contenu.

Le 12 mars 2008 j’ai envoyé un courrier au recteur-président de l’ACOR : « Je me suis rendu ce matin dans notre « petite » église de Longchamp. J'y ai constaté un certain « mouvement » parmi les icônes et remarqué l’absence de plusieurs d’entre elles dont deux de très grande taille (Tolgskaïa et Vladimirskaïa), (...) sur l'analoï il y avait St Serge, petit format : il n’y est plus (...) Pouvez-vous avoir l’obligeance de me faire savoir ce que sont devenues ces trois icônes et pourquoi elles ont été déplacées. Comme vous, nous sommes responsables de ce patrimoine. »

L’archiprêtre Jean Gueit, recteur, m’a répondu le 14 mars, indiquant que des travaux importants allaient avoir lieu à Longchamp et que « en vertu d’un principe de précaution élémentaire, il avait été décidé en Conseil de paroisse de placer momentanément les icônes de valeur en lieu sûr. »

Le 14 mars, pendant les heures d’ouverture aux visites de la cathédrale, S.E. l’ambassadeur de Russie Alexandre Avdeev, profitant de son passage à Nice, est entré avec d’autres touristes dans ce monument historique français. Le gardien guide n’avait aucune raison de le reconnaître, ni de lui en interdire l’accès. Cependant, cette « intrusion » fut interprétée par les dirigeants de l’ACOR comme un « complot » et, pour l’avoir accueilli, le gardien fut sanctionné par une mise à pied sans solde de trois jours, première étape vers un probable licenciement.

Le 15 mars, mon article est adressé à la Pensée Russe : il sera publié le 4 avril et dans sa version française, sur le Forum, le 14 avril (n° 4699).

Le 24 mars, nouvelle lettre au recteur : « (...) Si je me réjouis de savoir les deux grandes icônes en lieu sûr (...) l'icône de St Serge de l’analoï, si tant est qu'elle est aussi en lieu sûr? C’est pourquoi je vous demande d’avoir l’obligeance de me dire le nombre d’icônes déplacées et leur nom (...) J’espère que, le moment venu, elles regagneront notre « petite « église avec la croix d’autel en nacre que l'on peut voir depuis quelques jours dans la vitrine musée de la cathédrale où semble-t-il elles ont été apportées par le marguillier et son ami Joël Poytou. La question étant alors : les laïcs ont-ils le droit de toucher à une croix d'autel ? »

Le 27 mars, le marguillier, Alexis Obolensky m’écrit : « Qu'aviez-vous de si pressé pour accourir à la cathédrale le 24 mars ? (...) Il faut bien alimenter vos chroniques hargneuses, car vos lecteurs risquent de se lasser de toutes ces croix en nacre soi-disant disparues, de ces icônes volatilisées (...) Vous êtes devenue une caricature de membre de la paroisse (...). »

J’ai répondu : « Je suis passée à la cathédrale parce que j’avais été chargée par le père Michel d’y porter un pli. C’est donc pour rendre service à notre clergé que je me suis trouvé dans les locaux que vous voulez m’interdire. »

J’ai ensuite reçu de Mgr Gabriel une lettre datée du 28 mars 2008 : « (...) Le père Jean vous a répondu très précisément (...) il a toute ma confiance sur le plan pastoral et administratif (...) vous n’êtes pas habilitée à exercer une fonction d’inspectrice (...) vous n’êtes membre de l’association qu’au titre du règlement de votre cotisation annuelle puisque vous ne participez plus aux offices depuis deux ans (...) Je vous serai reconnaissant de ne plus m’importuner avec des considérations de cet ordre d'une manière générale et de surcroît en carême (...). »

Cet échange de courriers s’est conclu par mon excommunication en Semaine Sainte. Cette mesure extrême, réservée aux actes gravissimes, soulève en moi multiples interrogations par-delà le chagrin qu’elle me cause. Le non-respect des procédures pourtant obligatoires dans l’Église Orthodoxe s’est ajouté aux accusations de fond. Ainsi :

Pourquoi ne m’a-t-on pas demandé d’apporter la preuve des faits cités ?

Pourquoi ces faits attestés sont-ils appelés mensonges, calomnies et contrevérités ?

Pourquoi la sanction choisie - si sanction devait être prononcée - a été celle, exceptionnelle, de l’excommunication ?

Pourquoi ai-je été condamnée par contumace ?

Et que dit l’art. 88, § 5, des statuts diocésains ?

Des prêtres d’autres Églises interrogés, m’ont laissé entendre que la sanction comportant autant de non-respect des règles canoniques n’était pas valable.

J’ai toujours défendu les valeurs de l’Église qui m’ont été enseignées par nos pères en exil. Avec mes frères et sœurs en Christ, j’appelle de mes vœux des pasteurs « humbles, bienveillants, à l’écoute de leurs brebis, accessibles à tous » et dont les « paroles sont pleines d’amour et de douceur. » Pour avoir dévoilé la réalité des faits que nous vivons, pourquoi dois-je être « le bouc émissaire » (Lv. 16) ?

Je suis prête à reconnaître mes torts si preuves me sont apportées d’avoir calomnié et menti.

Cet article n’est pas une réponse au décret mais un appel à la conscience de tous.

Lydia Places
Nice

1. L'original de l'article parue en russe dans le journal " La Pensée Russe ", 2008