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09-08-2015

La cathédrale Saint-Nicolas – Naissance du projet

En 1896, lors d’un séjour de l’impératrice Marie Féodorovna, veuve d’Alexandre III, sur la Côte d’Azur, le père Serge Lioubimoff lui fait part du projet de construction d’une nouvelle église car celle de la rue Longchamp devenait trop petite. Ce projet parle à son coeur et elle trouve rapidement les aides nécessaires, notamment auprès de son fils Nicolas II. Elle accorde donc son haut patronage à la commission pour la construction d’une nouvelle église russe à Nice. L’élaboration des plans fut rapidement confiée à M.T. Préobrajensky, professeur à l’Académie impériale des beaux-arts de St Petersbourg. Il imagina une composition à deux porches symétriques d’une grande force expressive.

Il fallut d’abord trouver les fonds, un maître d’œuvre qui suivrait le chantier sur place, puis le terrain. En effet, celui de la rue longchamp s’avére finalement trop petit et imbibé d’eau. Ce fut donc le site du parc Bermond (boulevard Tsarévitch) qui fut définitivement retenu après intervention de Marie Féodorovna auprès de Nicolas II.

La construction

La première pierre fut posée à la date anniversaire du départ du Tsarévitch lors d’une cérémonie réunissant la famille impériale, le clergé et les autorités en 1903.

Le chantier fut très complexe et par conséquent, beaucoup de chefs de travaux se suivirent jusqu’à la finalisation de la cathédrale. Hippolyte Chevallier (école centrale d’architecture) commença.

Le terrain étant composé de plusieurs couches successives de différentes matières (terre végétale, argileuse, sable, gravier, etc.), il fallut augmenter l’empâtement des fondations. C’est alors que Fombertaux (école des beaux-arts de Marseille) prit la succession. Ce dernier engage la société Burron en tant qu’entrepreneur. Les matériaux qu’il utilise ne conviennent pas et il s’en suivra une série de consultations d’experts à propos notamment du sable, des matériaux de maçonnerie, enduits, etc. Les avis divergents sèment le doute. C’est pourquoi Lucien Barbet (école supérieure des beaux-arts de Paris) remplaçant de Fombertaux, recommence les consultations. Il s’adjoint les services de l’entrepreneur Honoré Ausel pour la façade et les ornements qui seront scrupuleusement réalisés à partir des épures des calepins dessinés par M.T. Préobrajensky.

Mais à partir de 1904, les travaux prennent du retard pour plusieurs raisons : la guerre russo-japonaise, l’effondrement des actifs russes, la première crise révolutionnaire d’octobre 1905, puis des divergences entre Barbet et Préobrajensky concernant l’aménagement intérieur. L’architecte parviendra néanmoins à conserver l’autel et la sacristie à leur place originelle.

Puis les fonds manquent, c’est pourquoi le Tsar Nicolas II prélève 700.000 francs sur ses fonds personnels pour soutenir les travaux. Il nomme alors Golitsyne vice-président de la commission comme nouveau président. Ce dernier, gestionnaire efficace et déterminé, va financer d’importants travaux décoratifs.

Sous l’impulsion de Golitsyne, le chantier change encore de mains : Joseph Mars (école des beaux-arts de Paris) prend la suite en octobre 1909. Une grande partie des bases des porches et du clocher est déjà réalisée. Il reste les moulures, les encadrements sculptés, etc. Mais subissant comme ses prédécesseurs la pression de cet énorme chantier, il invoquera des raisons de santé et démissionnera le 29 octobre 1910 laissant les rennes à Henri Stoecklin (fils de Jules avec qui il signera de nombreux ouvrages sur Cannes) qui lui achèvera la cathédrale en décembre 1912. Il s’occupera plus particulièrement de la silhouette définitive du bâtiment, des parements, ornements, et détails typiquement “vieux russes”. Il sculpte les volumes sur l’ossature en béton (choix audacieux et novateur pour l’époque) et travaille les contrastes de valeurs et de couleurs, et met en place un système ingénieux pour la collecte des eaux pluviales (afin d’éviter les traces de ruissellement) : la nouvelle cathédrale russe oscille entre tradition et modernité. La cathédrale se découvre enfin, par la jonction avec le boulevard Tsarévitch avec le percement de l’avenue Nicolas II.

L’architecture

La cathédrale impressionne par ses dimensions, ses proportions et son raffinement. Elle représente tout à fait le style “vieux russe” : richesse et exubérance des décors contrastant avec la rigueur formelle du plan. Mais elle se révèle également par sa modernité. Elle est construite en croix grecque avec un volume central (rigueur) et cinq coupoles (symbolisant le christ et les 4 évangélistes) où viennent se greffer deux porches jumeaux reliés par le clocher (exubérance) ce qui donne une parfaite maîtrise des masses. La sacristie adjacente, elle, se fait discrète.

Ce qui est étonnant c’est l’assemblage de matériaux divers, aux multiples textures et couleurs : pierre, brique, céramique, tuile, etc. Les couleurs devaient s’harmoniser avec l’environnement niçois, et donc principalement avec le bleu azur du ciel méditerranéen (parement en briques plutôt pâles, les majoliques bleu vert, blanc des pierres). L’originalité réside aussi dans l’assemblage des porches et du clocher au volume principal. Leur richesse décorative est foisonnante et souligne les traits et les formes qu’elle renforce. Il y a à la fois une impression de solidité et de stabilité (colonnes, arcs) mais l’édifice s’élance pourtant vers le ciel (les aigles, les coiffes pyramidales, etc…). Le clocher est lui le pivot central qui articule les différents volumes.

Le corps principal sur socle carré est surplombé par 2 rangs de kokoschnikis sur lesquels reposent les tambours, sertis d’étroites fenêtres rectangulaires baignant l’intérieur des dômes. Le volume central est lui aussi agrémenté de 3 petites fenêtres sur chaque côté, richement décoré de majoliques. Les tambours eux, sont coiffés de coupoles aux tuiles vernissées (3 tons de vert) sur lesquelles s’élèvent des hautes croix dorées.

La symbolique de l’iconostase

L’iconostase a été fabriquée en Russie dans les ateliers Khlebnikoff. Elle est en bois recouvert de bronze et de cuivre ciselé, doré à la feuille. Elle représente comme la tradition le veut, dans la voûte du sanctuaire, la figure centrale de la Vierge du Signe qui porte Emmanuel en son sein dans une mandorle entourée d’anges (annonce de la naissance du Messie) dont 2 avec des perches portant la lune et le soleil (représentation du cosmos). Tout en haut, la croix domine l’iconostase. Les dessins de la voûte et des piliers sont d’une infinie délicatesse, bleu pâle, jaune et violet. Des frises végétales et à entrelacs, fortement inspirées de l’art nouveau et l’art déco, décorent les soubassements et les voûtes : lys, guirlandes se mêlent aux aigles bicéphales. Ces mélanges audacieux encrent profondément la cathédrale dans son temps : le XXe siècle.

L’inauguration

Après les différentes péripéties de la construction de la cathédrale, grâce à la persévérance de Golitsyne, la cathédrale est enfin achevée dans le respect d’architecture originelle et inaugurée le 17 décembre 1912 lors d’une exceptionnelle cérémonie en présence de Monseigneur Triphon (Tourkestanov), évêque de Dmitrov, les archiprêtres de Paris, Florence, Wiesbaden, Genève, Marseille et Menton, Serge Lioubimoff, le prince Romanovsky, la duchesse Anastasia Mecklenbourg, le préfet André de Joly et le maire François Goiran.

Les jardins

Le parc de l’église russe offre une respiration, un calme face au tumulte de la ville. Au départ, les plans privilégiaient les allées ce qui créait un rapport d’égalité entre le végétal et le minéral. Mais le végétal fut finalement privilégié : hautes tiges, végétation libre, un beau jardin poétique entre détente et contemplation.

Nicolas II et la cathédrale

La Cathédrale St Nicolas a été ainsi baptisée, car il était d’usage que les églises portent le nom du saint patron de l’empereur. Or Nicolas II est intimement lié au monument en soutenant avec sa mère Maria Feodorovna le projet d’une nouvelle église à Nice, il est à l’origine de la construction du bâtiment par sa volonté de soutenir la commission chargée des travaux et de leur financement, et en cédant le terrain qui allait accueillir la cathédrale.

La grande croix consacre le lien entre la cathédrale et la famille impériale, elle a en effet été réalisée en mémoire de celle-ci, massacrée le 17 juillet 1918. Figurent également les saints patrons de chaque membre de la famille impériale, figurant ainsi le lien intime entre le spirituel et l’humain.

Un autre témoignage du lien étroit avec la famille impériale est cette émouvante icône de la Mère de Dieu "Donskaya" cousue par Xenia Alexandrovna Romanova, soeur de Nicolas II.

Une cathédrale inachevée

La quasi-totalité de l’extérieur a été achevée, mais l’intérieur du monument devait être pourvu de magnifiques fresques colorées imaginées par Préobrajensky, l’architecte officiel de la famille impériale.


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