27-04-2019, Moscou
Message pascal de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille aux évêques, aux prêtres, aux diacres, aux moines et moniales,
et à tous les fidèles de l’Église orthodoxe russe.
Béni soit le Dieu et Père
de notre Seigneur Jésus Christ :
dans Sa grande miséricorde, il nous a engendrés de nouveau
par la Résurrection de Jésus Christ d'entre les morts.
(1 P, 1:3)
Éminents évêques, vénérables pères, moines et moniales, chers frères et sœurs !
En ce jour divin et très solennel, empli d’une joie toute particulière pour notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité du tombeau, je vous félicite de tout mon cœur pour cette grande fête qui sauve le monde, et je vous adresse ce salut antique et vivifiant :
LE CHRIST EST RESSUSCITÉ !
Aujourd’hui la plénitude de l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique célèbre par des hymnes et des cantiques spirituels la résurrection des morts du Fils de Dieu et du Fils de l’Homme, de notre Seigneur Jésus-Christ, qui a détruit la puissance de la mort et qui nous a ouvert les portes de Son Royaume Incorruptible. En vérité, aujourd’hui tout est inondé de lumière, Le ciel et la terre et les enfers, toute la création célèbre la résurrection du Christ, car en Lui elle puise sa force (Canon de la Sainte Pâque).
À l’égal des femmes myrrhophores de l’Évangile et de certains disciples du Sauveur qui ont été les premiers témoins de la résurrection, nous sommes appelés à annoncer cette grande joie aux hommes – à ceux qui nous sont chers et proches, à ceux qui nous entourent, à ceux que nous connaissons. Nous leur disons : le Christ est ressuscité ! Et comme alors, il y a plusieurs siècles de cela, certains le croient et répondent : en vérité Il est ressuscité ! D’autres, comme l’apôtre Thomas, doutent et disent : « Si je ne Le vois pas moi-même, si je ne Le touche pas, je n’y croirai pas. » (Jn 20 :25). D’autres encore rejettent simplement de cette nouvelle.
La foi en la résurrection de notre Seigneur Jésus est ce fondement intangible, cette colonne inébranlable sur laquelle repose le christianisme. « Si Jésus-Christ mort n'a pu ressusciter, – dit saint Jean Chrysostome, – le péché n'a pas été aboli, la mort n'a pas été détruite, […] et non seulement nous n'avons prêché que des vanités, mais votre foi, à vous aussi, n'est que vanité. » (Homélie 39 sur la première épître aux Corinthiens).
Par son sacrifice salvateur le Sauveur a réuni le Céleste et le terrestre, l’Éternel et le temporel, le Créateur et la créature, Dieu et l’homme. Il a vaincu l’abîme qui, à l’aube de l’histoire, a séparé les premiers hommes de leur Créateur. C’est parce qu’ils avaient violé le précepte qui leur avait été donné, parce qu’ils avaient désobéi au Créateur, que le monde s’est retrouvé gouverné par le péché et la mort. « Mais quand, ainsi que le dit l’apôtre Paul, vint la plénitude du temps, Dieu envoya Son Fils unique pour notre salut, afin de nous conférer l'adoption filiale. » (Ga 4, 4:5).
Le Christ, tel un Agneau de Dieu sans reproche et sans tache, ôte le péché du monde (1 P, 1:19, Jn 1:29). Faisant preuve d’obéissance envers son Père Céleste, jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix (Ph 2:8), Il amène l’humanité à son Créateur, et la réconcilie avec Celui-ci. Étant Fils de Dieu par nature, Il nous fait avec Lui fils de Dieu par sa grâce. Le Seigneur nous ouvre la voie de la transfiguration morale et de l’ascension spirituelle vers la vie éternelle et bienheureuse en Dieu au Jour sans déclin de Son Royaume (Canon de la Sainte Pâque).
Nous ayant libérés de l’esclavage du péché, ayant détruit la puissance des princes de ce monde de ténèbres – des esprits du mal dans les lieux célestes (Eph 6:12), le Seigneur monte dans les cieux, où Il siège dans la gloire inaccessible à la droite du Père Éternel. Dans le même temps, Il ne nous abandonne pas ici, sur la terre, Il est constamment avec Ses disciples, qui tous ensemble constituent Son Corps – l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Le Christ, qui en est la Tête, dirige ce navire du salut à travers les eaux tumultueuses de l’océan de la vie jusqu’au doux port céleste, où Dieu sera tout en tous (1 Co 15:28).
Nous chrétiens, qui formons la Sainte Église, nous poursuivons Sa sainte mission dans le monde. Comme la grande multitude de frères et de sœurs dans la foi qui nous ont précédés – les apôtres, les femmes myrrhophores, les martyrs, les saints évêques, les saints vénérables, les saints justes, nous sommes appelés à crier Son Nom, à annoncer parmi les peuples Ses hauts faits (1 Ch, 16:8). Nous sommes appelés à annoncer le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme, qui dans son amour indicible pour nous a versé sur la Croix Son Sang très pur. Nous sommes appelés, par nos paroles, par nos actions, par toute notre vie, à témoigner devant les hommes de celui qui a été blessé et martyrisé pour nos iniquités (Is 53:5), et qui est ressuscité pour notre justification (Rm 4:25).
Chers frères et sœurs ! Je voudrais encore et encore de tout mon cœur vous féliciter pour cette lumineuse Fête des fêtes, Solennités des solennités – la Pâque du Seigneur, le salut (Canon de la Sainte Pâque). Comme nous en conjure l’apôtre Jean, aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour est de Dieu qui nous a aimé et a envoyé son Fils unique dans le monde en victime de propitiation pour nos péchés. Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. (1 Jn 4:7-11) Que ces paroles admirables nous servent toujours de guides dans tous les chemins de notre vie, qu’elles nous inspirent pour accomplir de bonnes actions, pour servir ceux qui sont proches comme ceux qui sont loin. Amen.
Ce jour, le Seigneur l’a fait, soyons dans l’allégresse et dans la joie, car
EN VÉRITÉ LE CHRIST EST RESSUSCITÉ !
+CYRILLE,
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
Pâque du Christ, 2019
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